L’arche de Norah – Claude Valasekmars 2024-   24 juillet 2024

 

 

« L’arche de Norah » nous ramène vers les premiers temps bibliques où le peuple hébreu avait entrepris le lourd chemin de l’Exode pour fuir ses ennemis.

Ici, avec Claude Valasek, ce peuple historique se résume aux 450 villageois de St Martin du Queyras qui se retrouvent isolés du monde car d’immenses vagues ont submergé la vallée, voire tout le pays, et il ne semble n’avoir plus de traces d’autres humains. Voilà une belle métaphore que l’auteur va nous développer pour notre plus grand bonheur.

 

Norah, la maire du village, en tant qu’élue, se retrouve responsable pour organiser de la manière la plus démocratique possible une nouvelle vie pour ces habitants privés des ‘’bienfaits’’ de la société précédente qui leur facilitaient la vie.

Les personnages de l’histoire nous sont présentés avec leur histoire, leur personnalité et surtout leur aptitude à s’adapter à leur nouvel environnement.

On entend, par exemple, l’autogire, sorte d’ULM de Xavier qui, au cours de son survol de la région, découvre, effaré,  « l’impensable, l’inimaginable, presque l’indicible. Une vague d’eau d’au moins un kilomètre déferlait. Elle submergeait tout sur son passage. Il voyait des villages disparaître sous les eaux, des ouvrages d’art s’effondrer comme des châteaux de cartes. »

 

On se plaît à découvrir Norah et « sa peau foncée, associée à un visage fin, des cheveux noirs et épais et ses yeux en amandes troublaient les certitudes des personnes qui ont besoin de classer les gens dans des catégories. Noire, mais sans faciès africain, elle rentrait dans aucune case. » On voit également le diacre Robert animer les prières collectives qui n’ont peu changé au cours du temps et, « en la circonstance, l’inertie de l’Eglise, qui ne voulait en aucun cas entrer dans le monde moderne, était un atout. »

Il y aussi la jeune Ophélie, dont « l’âme était entrée en symbiose avec l’univers… assumait complètement sa vie de jeune bourgeoise épanouie dans un monde matérialiste. Elle n’avait que peu de problèmes : assortir ses vêtements avec ses chaussures, enfiler sa couette dans la housse, trouver des cadeaux de Noël  …»

 

La description de toutes ces personnes projetées dans des situations d’incertitudes résume, en quelques sorte notre société avec ses travers, ses égoïsme mais aussi ses élans de générosité. Il va donc falloir s’organiser autour d’un programme commun, ce qui ne se fait pas sans mal, car, dans toute démocratie, les contraires s’affrontent, notamment au cours des campagnes électorales qui seront organisées.

 

Claude Valasek entre dans le moindre détail de l’organisation de ce nouveau régime de gouvernance et mérite, en ces temps troublés, de figurer dans notre nouveau gouvernement ! il conclut son roman par la réflexion de Norah : « le champ des possibles reste immense et je pense avoir donné à nos descendants l’envie de liberté et de fraternité qui nous empêcheront de tomber dans les travers des organisations passées. » Bel optimisme de l’auteur qui se lit avec passion.