Extrait de "Astrid et Bjorn à la rescousse du père Noël

Chapitre I

Une rencontre inattendue

En cet après-midi de novembre, Astrid et Bjorn avaient décidé de se promener une dernière fois dans la forêt.

Ils habitaient dans le nord de la Norvège et, malgré leur jeune âge, ils savaient qu’ils arriveraient bientôt dans la nuit la plus longue de l’année. C’était une raison de plus de profiter de cette nature immaculée et d’écouter les esprits invisibles et bienveillants qui la peuplent.

Astrid et Bjorn étaient sœur et frère. Ils étaient ce qu’on appelle communément de faux jumeaux.

Nés le même jour à quelques minutes d’intervalle, ils ne se ressemblaient pourtant pas.

Astrid était brune avec des cheveux épais et de magnifiques yeux noirs en amande. Bjorn était blond avec des yeux bleus et mesurait vingt centimètres de plus que sa sœur.

Leur famille faisait partie du peuple Sami. Leurs ancêtres habitaient cette région depuis des siècles et, malheureusement, le développement de la Norvège les avait repoussés de plus en plus vers le nord.

Les Samis étaient venus d’Asie en passant par la Sibérie et possédaient les caractéristiques physiques des personnes issues de ce continent : les cheveux bruns, la peau mate et les yeux en amande.

La grande taille et les cheveux de Bjorn lui venaient de son grand-père.

Les deux enfants connaissaient bien l’histoire de leurs grands-parents maternels. Leur grand-père Harald était venu, il y a longtemps, travailler dans la mine de fer situé à quelques kilomètres de leur village.

Un jour de marché, il croisa Hedda, une jolie jeune fille samie dont il tomba amoureux. Cette dernière n’était pas insensible au charme du beau norvégien, mais refusait de se marier avec un homme qui écorchait la terre mère avec des engins monstrueux.

Harald hésita un moment et décida de suivre le chemin que son cœur lui montrait. Il quitta donc la mine et épousa Hedda. Il ne le regretta pas, car ils vécurent ensemble une vie merveilleuse.

Harald s’était reconverti dans le tourisme et il emmenait des visiteurs dans les forêts et les plaines sur des traineaux tirés par des rennes.

Ils eurent deux enfants. L’un avec un prénom norvégien, Ragnar, et l’autre avec un prénom sami Aili.

Astrid et Bjorn étaient les deux enfants d’Aili.

Ils avaient tous deux été élevés dans les traditions de leur peuple sans pour autant ignorer la modernité qui leur permettait de s’ouvrir au monde.

Les Samis vivent en harmonie avec la nature et ne prélèvent que ce qui leur est nécessaire pour assurer leur existence. Ils ont un profond respect pour tous les esprits qui peuplent cette forêt et communiquent avec eux, quand ceux-ci sont disposés à leur répondre.

Astrid et Bjorn, du haut de leurs dix ans, se sentaient donc comme chez eux dans cette forêt. Ils avaient appris à lire les signes que nous serions incapables de voir : dans les traces de pattes d’animaux, dans la fiente d’oiseaux, sur les brindilles tombées des arbres…

La nature était pour eux comme un livre ouvert.

Ce savoir rare ne les empêchait pas d’avoir une vie d’enfants comme les autres. Astrid et Bjorn ne renonçaient jamais à une bagarre de boules de neige qui se terminait toujours par de grands éclats de rire.

Le soleil brillait, mais n’arrivait pas à s’élever haut dans le ciel. Il était donc un peu éblouissant.

Nos petits héros s’apprêtaient à rentrer à la maison, où un copieux goûter les attendait.

Soudain, ils entendirent un bruit étrange qui déchira le silence de la forêt.

Ils virent une forme étrange tomber du ciel et atterrir dans les arbres. N’écoutant que leur curiosité et renonçant à toute prudence, ils se précipitèrent vers l’endroit où le mystérieux objet s’était sans doute écrasé.

Tout essoufflés, ils arrivèrent sur le lieu de l’accident et découvrirent un spectacle qui les étonna fortement.

Un vieux monsieur vêtu de rouge était assis dans la neige, tentant visiblement de reprendre ses esprits.

Un grand traineau gisait sur le flanc.

Huit rennes, eux aussi abasourdis par la chute, se relevaient péniblement et tentaient de se remettre sur leurs quatre pattes.

Astrid se dirigea vers le vieux monsieur et Bjorn alla s’assurer que les rennes n’étaient pas blessés. De plus près, ils avaient l’air très âgés et fatigués. Il savait de quoi il parlait, car l’élevage de cet animal était une activité importante chez les samis. De surcroit, son père, Viggo, avait hérité du métier de guide de traineau de leur grand-père, Harald.

Astrid se pencha sur le monsieur et s’inquiéta de sa santé.

Il lui répondit, en bafouillant un peu, que ça allait. En voyant ses compagnons à grandes cornes tous en vie et debout sur leurs pattes, il sembla soulagé.

Astrid n’osa pas demander la raison de la présence de cet attelage pour le moins inattendu dans cette forêt. C’est le vieux monsieur qui lui donna spontanément des éclaircissements.

Il expliqua aux deux enfants qu’il était celui que l’on nomme le père Noël. Il habitait bien plus au nord et il avait pour mission de distribuer des cadeaux aux enfants, le soir de Noël.

Il se préparait à accomplir sa mission, et pour ce faire, il avait sorti son traineau et ses rennes pour un galop d’essai. Malheureusement, cela ne s’était pas bien passé. Il avait perdu le contrôle de son attelage et s’était complètement égaré.

Il avait dû atterrir en catastrophe dans la clairière.

Il paraissait désespéré. Il voyait bien que ses rennes étaient bien trop âgés pour accomplir leur mission le jour de Noël. Lui-même ne se sentait plus en très grande forme.

Après avoir raconté ces péripéties, il se mit à pleurer. Il expliqua à nos deux héros que s’il ne réussissait pas à mener sa mission à bien, des milliers d’enfants seraient privés de cadeau.

Le désespoir sincère que le père Noël exprimait toucha les cœurs d’Astrid et Bjorn. Nos deux héros lui promirent, sans réfléchir, qu’ils l’aideraient.

Une fois ce serment exprimé, ils se regardèrent en pensant tous deux : mais comment va-t-on faire ?

Dans un premier temps, ils remirent le traineau sur ses patins et constatèrent qu’il n’était plus en très bon état. Ensuite, ils aidèrent le père Noël à atteler ses rennes au véhicule volant.

Voilà, le vieux monsieur était prêt à repartir !

Ce dernier avait bien retenu la promesse faite par Astrid et Bjorn et les regarda, les yeux pleins d’espoir.

Il comptait sur eux pour l’aider et être fin prêt à accomplir sa mission le vingt-quatre décembre.

Avant de partir, le père Noël indiqua aux deux enfants le plus précisément possible l’endroit où il habitait. Il leur demanda de venir le retrouver le plus tôt possible.

Ragaillardi par la certitude d’avoir trouvé une solution à son problème, il poussa un cri magique et les huit rennes se mirent en marche.

Après une course d’élan qui sembla interminable aux enfants, l’attelage s’envola dans le ciel qui commençait à avoir des teintes rouges et orangées.